jeudi 30 janvier 2014

Remember Me - Un fantôme dans la coquille

O Paris, ville la plus belle du monde... J'avais pris une bonne claque en jouant aux GTA San Andreas et IV, à déambuler dans les rues de San Francisco et New York fictifs, reconstruits avec des points de repère bien distinctifs. A la manière d'un Guide du Routard virtuel, j'ai eu l'impression de voir des lieux connus une fois sur place: le Ferry Building ou Fort Point à San Francisco, le Metropolitan à Manhattan ou les rames aériennes à Brooklyn... Mais rien de tel pour Paris.
Mais que voilà? Un jeu français ("Français!") qui revisite Paris en version futuriste, Remember Me.
Mélange de Blade Runner et Total Recall version baguette, on suit la quête de Nilin, une "erroriste" privée de ses souvenirs dans un monde où la mémoire se stocke ou s'efface comme des mp3 sur un disque dur. A la manière d'un Nathan Drake dans les Uncharted, elle va devoir batailler à travers un chemin balisé pour retrouver son identité, et collecter divers items pour le plaisir ou en apprendre plus sur cet univers.

La représentation de Paris marque d'entrée de jeu: en s'échappant de Néo-Bastille en début de partie, on traverse les couloirs de la station Nation, on retrouve la Tour Eiffel à l'horizon en sortant du métro, on part sur Saint-Michel pour rencontrer un boss face à Notre-Dame, etc. Les approximations géographiques peuvent faire sourire un habitué de la ville, mais cela fait plaisir et titille la fibre chauvin du Parisien qui joue à ce titre. Et en dehors des repères touristiques bien connus, la ville étonne surtout pour son approche "réaliste" d'une architecture futuriste. Et on regrette alors que le jeu ne soit pas un open-world à la GTA: on admire les fabuleux décors mais on ne peut pas explorer librement les différents quartiers. Si on veut quitter le chemin et descendre d'un immeuble pour parcourir les rues, notre héroïne traversera le trottoir, le joueur ne respectant pas le tracé pré-défini.

Le design de Nilin, l'héroïne, est également très réussi, avec une attention particulière sur les costumes. Il est un peu dommage que ses dialogues et interrogations intérieures soient moins percutantes, les personnages secondaires moins charismatiques ne l'aident pas. Pour un habitué des films de science-fiction / anticipation, le scénario offre peu de surprises, avec des révélations plutôt classiques. Dommage, car les thématiques abordées par ce jeu sont par contre très intéressantes: à la manière de Eternal Sunshine of the Spotless Mind, le jeu pose des questions sur le lien entre notre identité et nos souvenirs, notre perception de la réalité ou de la vérité, ou même la marchandisation de l'être humain. Les inspirations sont clairement revendiquées par les développeurs, le jeu contenant des clins d'oeil discrets mais qui font chaud au coeur (mention spéciale aux Babes in the Shell ou le festival Jazz en Seine).

Côté jeu vidéo pur, le titre est sympathique avec de bonnes idées, mais il ne parvient pas à atteindre le niveau de ses principales influences: on pense à Uncharted pour l'aventure linéaire et les séquences de grimpette assistées ou les Batman Arkham pour le système de combos rythmiques, mais cela reste très classique, les séquences s'enchaînent sans véritable moment épique ou mémorable comme dans ces jeux de référence. La vraie bonne idée côté gameplay vient des séquences de remix de mémoires, où il faut modifier les souvenirs d'individus en déplaçant des objets et en observant leurs effets sur la scène. Elles ne sont que quatre mais apportent un vent de fraîcheur dans l'aventure, entre les combats face à cinq soldats et les sauts sur les rebords de fenêtre.

Avec son univers soigné, Remember Me est un bon jeu, mais il lui manque une part de folie pour passer au jalon supérieur. Pourtant, il a un véritable charme avec un univers très bien défini et crédible, des bonnes pistes de réflexion et une héroïne charismatique. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette aventure, malgré son côté "dans les clous" autant pour le gameplay que pour le scénario, mais cela m'a donné sérieusement envie de voir une suite (please monsieur Capcom...), ne serait-ce que pour aller me balader dans le quartier de Néo-Belleville.

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