jeudi 9 janvier 2014

Spec Ops: The Line - Voyage au bout de l'enfer

Depuis quelques années, le mois de Novembre est le festival des blockbusters et grosses sorties, avec en tête de gondole un titre qui se vend par palettes entières, malgré un message bas du front et un sous-texte contestable: Call of Duty. A la manière de sa série des Guitar Hero essorée jusqu'à plus-soif (puis enterrée sous le poids des déclinaisons), Activision sort sa poule aux oeufs d'or avec une précision militaire (ah ah!) en n'hésitant pas à forcer la dose sur le côté patriotique et une invitation à s'enrôler sur le terrain. Tant pis pour la réflexion et le recul, mettons plus de scènes spectaculaires scriptées et d'explosions à la Michael Bay.

Mais s'inspirant du cinéma et la littérature, certains jeux proposent un autre regard sur ces grandes batailles homériques et remettent l'habituelle image héroïque en question. Sans payer de mine au premier abord, Spec Ops: The Line joue dans la catégorie de ces outsiders, option objection de conscience.
Tout commence par une opération de sauvetage de civils au milieu d'une Dubai ensablée suite à une tempête. Mais la Delta Force envoyée sur place sans Chuck Norris n'est pas la bienvenue, attaquée par des insurgés et des soldats faisant régner la loi martiale. Les premiers combats laissent présager un jeu relativement classique à la Uncharted, en se mettant à couvert et récupérer des armes et munitions à droite à gauche, mais le jeu et ses personnages partent rapidement en cacahuète avec des séquences hallucinées, violentes ou dérangées. On a beau s'être habitué à des images de conflit via les informations ou mêmes les oeuvres de fiction, les séquences liées à l'utilisation du phosphore blanc sont particulièrement éprouvantes.
Les images montrées à ce moment-là sont dures mais extrêmement justes par rapport au message de ce jeu: plus notre bon soldat avance dans Dubai, plus il s'enfonce dans la folie entre ses hallucinations et la violence qui l'entoure, et sombre dans un stress post-traumatique irrémédiable. Mais où le super soldat des Call of Duty?  La guerre présentée ici n'est pas celle des gadgets et armes high-tech, c'est celle de Coppola avec Apocalypse Now et Michael Cimino avec The Deer Hunter, celle qui ne laisse personne indemne.

Mais Spec Ops The Line ne se limite pas à son message: c'est un très bon jeu à la base, avec des mécaniques et un gameplay connus mais efficaces (ah, le bon vieux plaisir au fusil sniper...), sublimés par le scénario et les thèmes abordés. Et la bande son... A la manière de The End des Doors ou Paint It Black des Rolling Stones, des morceaux tendance 70's accompagnent cette plongée dans l'horreur: Jimi Hendrix, les Black Angels, Deep Purple font partie de cette fantastique BO mais je retiendrai surtout cette séquence de tir sur fond de Mogwai à fond les ballons comme un grand moment de jeu vidéo.


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