dimanche 27 avril 2014

Les Aventuriers - A la recherche du pixel perdu

En tapant ma review sur Uncharted Golden Abyss, je repensais au jeu Indiana Jones que j'avais connu sur CPC: le titre n'était pas fameux, et en regardant mes "archives", j'ai vu qu'il faisait partie d'une compilation appelée "Les Aventuriers". A titre pompeux, jeux pas terribles.

Indiana Jones donc, ou plutôt Indiana Jones and the Last Crusade pour être précis, est l'adaptation du troisième film de la trilogie (le quatrième film n'existe pas. Il n'existe pas...). Je crois que c'est le seul des trois que j'ai vu au cinéma (avec la scène du vieillissement accéléré qui m'a traumatisé du haut de mes 10 ans), et mon préféré: Sean Connery, la chevauchée avec les tanks, les épreuves du Graal... Comme tout grand film à l'époque, le film a été adapté en jeu vidéo, mais il a eu droit à deux versions: un jeu d'aventure et un jeu d'action. Le premier fait partie des jeux d'aventure cultes de Lucasfilm Games (avec ce qui aurait du être le quatrième épisode, Fate of the Atlantis), et le second fait partie des jeux médiocres, adaptés sur toutes les machines du moment, mais vite oublié. La version adaptée sur CPC est bien sûr la seconde.
Tam, tada tam...
Dans cette version, Indiana doit revivre certaines scènes du film et récupérer des artefacts: la croix de Coronado, un bouclier, les notes de son père et enfin le Graal. On a donc droit à un mélange poussif entre jeu de plateformes et beat'em all. Pour la partie plateformes, on saute de corde en corde avec la grâce d'un Mario paraplégique et la lourdeur d'un éléphant. Pour la partie baston, on a droit au coup de poing ou (oh joie) au fameux fouet pour frapper du contrebandier et du nazi, avec une idée particulière du timing. Le tout avec un temps extrêmement limité, et un temps de réponse digne d'un modem 56k.
A l'époque, je n'avais pas passé le tiers du premier niveau, mais les joies de l'émulation m'ont permis de voir ce à quoi j'ai échappé: des sauts au pixel près entre des têtes de girafe et des lanceurs de couteau, une section où rien n'indique que le fouet est obligatoire pour traverser un fossé, un zeppelin qui donne le mal de mer, et enfin les épreuves du Graal façon speed-run entre scies circulaires (un précurseur de Super Meat Boy, 20 ans avant!).
Non, pas la girafe...
Côté gameplay ce n'est pas la joie, et ce n'est pas la réalisation technique qui relève le niveau: on est en plein syndrome de l'adaption de ZX Spectrum avec 2 couleurs dans l'écran de jeu et des sons minimalistes. Ah, que j'aurais voulu jouer au jeu d'aventure à la place...

Sur la compilation, on retrouve une autre victime de l'adaptation minimaliste avec Strider.
Made in Яussia
Le strider, Hiryu de son petit nom, est un héros de l'ombre de Capcom. Longtemps oublié derrière les Steet Fighters, Mega Man et autre chevalier Arthur, Hiryu a fait quelques apparitions dans les Marvel vs Capcom, avant d'avoir eu droit en 2014 à son remake en bonne et due forme.
Héros de manga à l'origine, ses premières aventures en arcade étaient impressionnantes, avec une très bonne adaptation sur Megadrive, et une mauvaise sur CPC. Vu la taille des personnages et boss, les couleurs, leurs animations, il ne fallait pas s'attendre à des miracles, mais là c'est le désert de Gobi.
Un boss qui a oublié son marteau
Notre ninja des temps futurs doit battre un sorcier à force de voltiges et de coups de sabre. Encore une fois je ne suis pas allé bien loin, arrivant juste à terminer le premier niveau, baignant dans une ambiance soviétique (enfin, surtout en Arcade, pas de Kremlin en arrière plan sur CPC), et son fameux boss: des parlementaires qui fusionnent pour donner un serpent géant. Il n'y a pas de logique à chercher, on dira que Capcom voyait le futur de l'URSS comme ça à la fin des années 80. Maintenant, Poutine ferait un boss de fin de jeu bien plus flippant.

Pour rester dans les adaptations arcade de Capcom, on trouve le peu connu Forgotten Worlds.
Quand on utilise les couleurs sur CPC, c'est joli.
Sur fond de fin de monde / invasion alien / Dieu devenu fou ou je ne sais quoi, deux punks sous perfusion de testostérone doivent sauver l'humanité. Ils volent (va savoir comment, en jet pack?) et doivent mitrailler tout ce qui passe dans un rayon de 100 mètres: extra terrestres, vaisseaux, missiles, dieux...
Comme l'Union Soviétique, l'esthétique punk se retrouvait souvent dans les jeux des années 80. Que ce soit côté ennemis (Double Dragon, Final Fight) ou héros (Two Crude Dudes), le keupon avait la côte à l'époque, pour ensuite se retrouver cantonner au cyberpunk. Bizarrement, les personnages de Forgotten Worlds n'ont laissé aucune trace dans l'univers Capcom, et sont sacrément discrets.
C'est peut-être lié au gameplay particulier du jeu: se présentant comme un shoot'em up, il faut faire pivoter son personnage pour tirer dans une des huit directions possibles. Cela peut se gérer en arcade avec différents boutons, mais sur CPC, l'unique bouton sert pour tirer et pour permettre la rotation à droite ou à gauche. On se retrouve alors souvent à déplacer son personnage et le faire tirer n'importe où, en espérant chopper sa cible.
Un beau dragon.
Malgré cette maniabilité foireuse (ajoutant une couche de difficulté sur un jeu déjà pas bien aimable), le titre fait plaisir à l'oeil, avec en particulier des boss d'une taille incroyable pour un CPC. Cela doit expliquer pourquoi les développeurs ont réduit le nombre de niveaux de huit à quatre, mais bon, au fin fond de ma province et n'arrivant pas à dépasser le deuxième niveau, cela ne changeait pas grand chose...

Pour compléter ce tableau peu reluisant, Vigilante rappelle furieusement le classique Kung Fu Master.
Hum, encore faut-il choisir les bonnes couleurs...
Suite plus ou moins officielle, un nouveau maître en arts martiaux doit sauver sa petite amie, enlevée par un gang et leurs différents boss. Encore une fois, il va s'agir de bastonner en ligne droite,en dégommant du sbire à gauche et à droite. Autant le titre d'origine restait relativement nerveux et joli sur CPC, cette "suite" tombe dans de grave travers avec des couleurs baveuses, un rythme lent et une maniabilité aux fraises. Les ennemis arrivent en nombre et nécessitent plusieurs coups pour être défaits, on avance par à coups, rendant le jeu terriblement haché. Pourtant, le jeu avait l'air pas mal en version arcade.
Aïe, mes yeux...
Pauvre Indy et ses compagnons d'infortune: les jeux d'origine ne sont pas des classiques de l'arcade mais restent honnêtes, mais le CPC (ou les développeurs?) montre rapidement ses limites...

Indiana Jones en entier (et sa fabuleuse fin) par Xyphoe.

Strider en entier (et sa fabuleuse fin également) par Xyphoe.

Forgotten Worlds en entier (et sa, décidément, fabuleuse fin) par Xyphoe.

Vigilante en entier (et une véritable fin, pour une fois) par Xyphoe.

dimanche 13 avril 2014

Zone of the Enders - Mecha Gear Solid

Il traverse tout l'Univers
Aussi vite que la lumière
Qui est-il ? D'où vient-il ?
Formidable robot
Des temps nouveaux


Il jaillit du fond de la mer
Il bondit jusqu'à Jupiter
Qui est-il ? D'où vient-il ?
Ce terrible géant
Des nouveaux temps


Le Japon a une longue tradition dans le domaine du robot géant. Successeur du fondateur Mazinger Z, Goldorak reste le plus connu  dans nos vertes contrées, ouvrant la porte à la fin des années 70 à l'animation japonaise sur les petits écrans français. Sans Goldorak, je n'aurais certainement passé des mercredi devant Dragon Ball (Z ou non), le ados sacrificiels des Chevaliers du Zodiaque et le libidineux censuré Ryô Saeba / Nicky Larson (et ses boulettes).
Hideo Kojima, pas assez occupé avec les scénarii alambiqués de la série Metal Gear, a également apporté sa pierre au genre mecha, à grands renforts de twists, révélations et cinématiques à rallonge: Zone of the Enders (HD Collection, s'il vous plait).
Jehuty et son cock-pit
Sorti il y a plus de 10 ans sur PlayStation 2, le premier Zone of the Enders avait pas mal marché, essentiellement grâce à la démo de Metal Gear Solid 2 offerte avec le jeu. Malin Kojima... Malgré tout, le jeu a su marquer certains joueurs du fait de très bonnes idées de gameplay, donnant l'impression de piloter un mecha. Souvent limité au genre du shoot'em up en 2D, le jeu permettait ici de se déplacer dans les trois dimensions, combattre au corps à corps à l'épée ou utiliser toute une série d'armes. Classe.
Mais côté scénario, ce n'était pas la joie. A la manière d'un Gundam ou Evangelion, Léo la tête à claque le héros est un gamin qui se retrouve par hasard aux commandes de Jehuty,  "le robot le plus perfectionné de sa génération"©. Celui-ci vivait dans un quartier pourri d'une station orbitale autour de Jupiter (ah oui, on est en 2172 au fait) et va dorénavant devoir "faire face à son destin" re-©. C'est à dire suivre bêtement des ordres: protéger les civils, détruire les forces armées cherchant à récupérer son robot et le remettre aux autorités compétentes (qui se tournent les pouces en attendant).
Le jeu est relativement court (j'ai dû finir ma deuxième partie en deux heures), ce qui n'est pas un défaut vu l'extrême répétitivité des situations et décors durant les deux-tiers du jeu: on doit nettoyer une dizaine de zones urbaines de patrouilles ennemies, composées de trois modèles différents (vive la diversité...). Le rythme s'accélère sur le dernier tiers avec de nouveaux lieux et des missions enfin variées... et c'est fini. Le combat contre le dernier boss est en fait une fuite d'une trentaine de secondes, et le générique de fin laisse l'histoire en plan. C'est dommage, j'aurais bien voulu voir un personnage mettre des baffes à Léo, qui passe son temps à se plaindre et râler, et qui est insupportable avec le doublage en Anglais et sa tête de Playmobil dans les vidéos en mode 3D version 1995.

Le deuxième épisode, Zone of the Enders: The 2nd Runner, a bien pris note de ces défauts, en dégageant Léo du rôle principal pour Dingo, un ancien soldat en mode ténébreux / bad-ass. Le doublage est toujours en Anglais, mais les cinématiques sont passées en version animée (superbes) ou utilisent le moteur du jeu (rappelant furieusement celles de Metal Gear Solid 2 et ses ralentis avec effet de flou), permettant d'apprécier (ou supporter) les looooooongues séquences de dialogues, à base de pseudo-révélations et de philosophie façon la-guerre-c'est-pas-bien.
Situé deux ans après, c'est au tour de Dingo de tomber par hasard sur Jehuty alors qu'il faisait tranquillement son job de mineur sur Callisto: manque de bol, à son tour d'être poursuivi par les militaires, mais lui au moins il apportera une conclusion satisfaisante cette fois. Au niveau des environnements et missions, c'est également une nette amélioration, avec des décors et situations qui donnent réellement l'impression de faire évoluer l'histoire, et non plus des allers-retours ayant permis  d'économiser sur le développement du jeu. Le gameplay s'y met aussi: déjà sur de bonnes bases, il est devenu plus nerveux avec la possibilité de détruire des dizaines d'ennemis avec des salves de laser, et une meilleure maniabilité rendant les combats plus dynamiques. Avec un petit effet cell-shading sur les graphismes, certains passages sont épiques (l'attaque du train, le combat contre les croiseurs spatiaux) et semblent sortir d'un animé.

Par rapport à la série phare de Kojima, Zone of the Enders permet de jouer quelques heures sans trop se prendre la tête, en faisant joujou comme un gamin avec un robot géant qui brille, mais lassé on finit par le laisser de côté et passer à autre chose. A voir si un troisième épisode finit par voir le jour, j'aurais bien pris les mêmes mécaniques de jeu avec en option le fulguro-poing et l'astéro-hache.

dimanche 6 avril 2014

Uncharted: Golden Abyss - En terrain connu

En bon rejeton des années 80, j'ai de très bons souvenirs des séances de cinéma à 100 mètres de chez moi. De mémoire, les films passaient le Mardi et Vendredi soir, l'entrée était à 20 Francs, c'était Michel, le père d'un copain d'école, grande barbe et faux airs de Che Guevara qui était projectionniste. Je me débrouillais pour me mettre au dernier rang du balcon, dans cette ancienne chapelle reconvertie en salle de cinéma, espérant une bande-annonce ou un court-métrage avant le dernier film américain du moment.
Je me souviens y avoir vu La Guerre des Étoiles en sortie scolaire, avoir fermé les yeux devant ceux de Schwarzenegger qui se faisaient la malle dans Total Recall, ou alors les passages gore dans les dernières minutes des Indiana Jones. Enfin, c'était moins violent que le Royaume du Crâne de Crystal, brrr... Côté jeux vidéo, je n'ai pas eu la chance à cette époque de jouer aux titres Lucas Arts avec Indy (je lisais les solutions des jeux d'aventure pour m'y croire), mais près de 20 plus tard, le studio Naughty Dog a su retranscrire l'ambiance des films avec la série des Uncharted, dont je viens de terminer le dernier / premier opus, Golden Abyss.
"You have to burn the rope..."
Uncharted, ce sont les mésaventures de Nathan Drake, un explorateur / archéologiste à la recherche de trésors et autres artefacts. Soit un Indiana Jones du XXIe siècle, un peu charmeur, un peu loser, mais qui s'en sort toujours à la fin (après des acrobaties improbables et un millier de morts).

Le premier épisode, Drake's Fortune, fait partie des tous premiers titres que j'ai joués sur PS3: très impressionnant graphiquement, c'était ma découverte du genre TPS, avec les innombrables séances de tirs, caché derrière une caisse, et récupérant des armes et munitions sur les cadavres que je laissais sur mon chemin. Après un environnement relativement classique, entre jungle, pirates, vieilles ruines et militaires, le jeu basculait dans le fantastique avec des zombies nazis dans son derniers tiers.
Alors que l'influence Indy était évidente dans ce premier opus, le second, Among Thieves, explose le genre et représente ce que le quatrième film de la série de Spielberg aurait dû être: un grand spectacle permanent, avec des séquences cultes (le train suspendu dans le vide, la course sur les toits avec l'hélicoptère, la bataille sur le chemin de fer, etc.) qui éclatent les rétines et les oreilles. Cet épisode reste de très loin mon préféré, et fait partie de mes jeux préférés.
Ma joie est redescendue d'un cran avec le dernier volet PS3, Drake's Deception: Naughty Dog a voulu trop en faire, et l'aspect cinématique prend le pas sur le gameplay avec des séquences se limitant à du QTE ("triangle"..."carré"...) ou à pousser le stick vers l'avant. L'histoire m'a moins emballé, malgré la séquence dans l'avion, qui est peut-être la plus impressionnante de toute la série. Et qui s'est occupé du lifting du personnage d'Elena? Elle ressemble à rien!

Avec une PSVita sous la main, j'ai eu l'occasion de me mettre à jour sur la saga, qui est passée au stade prequel avec Golden Abyss. Pas de grande révélation sur le passé de Nate (on s'en fiche en fait), juste l'occasion de présenter de nouveaux compagnons, et une vieille connaissance (dans tous les sens du terme). Pas d'Elena ou Chloe (ah...) dans cet opus, mais Nate est accompagnée par Dora l'exploratrice version adulte, jouée par Marisa Chase. Honnêtement, avec sa coupe de cheveux et son sac de dos, c'est pas une blague des développeurs?
Pour une première expérience sur console portable, le jeu est impressionnant. Il y a 20 ans c'était la GameBoy, et maintenant je peux avoir la qualité d'une PS3 dans la main? Wah... si seulement la batterie pouvait mieux tenir la distance... Anyway, passée la claque technique, le jeu nous pousse à utiliser les fonctions spécifiques de la console: vas-y que je frotte l'écran avec mes doigts, idem avec le panneau à l'arrière, ou même utiliser la caméra pour exposer un parchemin à la lumière (il m'a fallu un halogène pour envoyer assez de lumière dans le capteur!). Mais l'idée géniale est l'utilisation de l'accéléromètre pour viser: si viser avec un stick de pad n'atteindra jamais la précision d'une souris sur PC, le fait de pouvoir bouger la console pour viser au plus juste est une idée géniale. Les séances de sniper deviennent un véritable plaisir, avec un enchaînement de headshots qui aurait été impossible sur PS3.

Côté gameplay, c'est pratiquement du tout bon, jusqu'à l'arrivée des deux derniers boss. Les combats en fin des Uncharted ont été très décevants, mais ceux-ci remportent la palme, avec la succession d'une quarantaine de QTE. En gros, on regarde une cinématique, tout en faisant glisser son doigts à droite, à gauche, etc. selon les indications sur l'écran. Si cela n'était qu'une fois, ça irait, mais vu comme j'ai galéré sur le premier combat, j'ai dû refaire cette scène une dizaine de fois depuis le début! De bonne foi,je suis persuadé d'avoir fait les bons gestes, mais impossible de savoir ce que la PSVita avait contre moi. Après un tour sur le net, j'ai réalisé mes glissements de doigts sur l'écran par deux fois sur chaque flèche, histoire d'avoir un backup qui serait accepté. Et cela a fini par payer...

Côté histoire, il n'y a pas grand chose à retenir: les environnements sont peu nombreux et très similaires (la jungle, des ruines, un village et... c'est tout), le scénario est bateau, avec des trahisons que l'on voit venir à 100 kilomètres et des ennemis peu charismatiques. Il n'y a même pas d'élément fantastique pour faire repartir la sauce sur le final! J'aurais bien pris des zombies incas dans la Cité d'Or...

Quand on sait que ce n'est pas Naughty Dog qui a réalisé le jeu (mais Sony Bend, vous êtes qui?), le résultat est vraiment bluffant car pratiquement tout ce qui fait un Uncharted est bien présent. Mais il manque tout de même un soupçon d'aventure ou de folie, le jeu manque de séquences réellement épiques qui coupent le souffle du joueur. Ou alors je suis très exigeant devant une série qui m'a fait redevenir un gamin de 10 ans, découvrant la Dernière Croisade dans le cinéma de son village...