lundi 5 juin 2017

Catherine - To Bring You my Love

Le jeu vidéo aborde rarement la thématique du couple (si on ignore la quête classique et surannée du héros à la rescousse d'une compagne enlevée...): s'intéresser au quotidien n'a rien de passionnant au premier abord, et cet aspect de la vie adulte a certainement peu intéressé les producteurs en vue de nouveaux jeux à succès.
Mais certains studios n'hésitent pas à proposer de nouvelles expériences de jeu, aussi bien côté thématiques que gameplay, comme Atlus l'a fait avec Catherine.

 
Vincent est un trentenaire lambda, partageant la vie de Katherine depuis cinq ans. Quand celle-ci parle mariage et souhaite voir leur relation évoluer, Vincent part noyer ses doutes avec ses amis au bar, et passe la nuit avec Catherine, une inconnue rencontrée sur place.
Comment Vincent va-t-il se sortir de ces deux relations ? Pourquoi ses cauchemars sont remplis de moutons et de blocs empilés ? Y a-t-il un lien avec la récente vague de décès de jeunes hommes ?

Catherine le jeu cachait clairement son jeu: derrière de magnifiques séquences animées semblant dévoiler un visual novel se trouve en fait un jeu de réflexion hardcore. Dans la peau de Vincent, des séquences de dialogues et choix occupent la partie éveillée de son aventure, mais chaque fin de journée se traduit par une tour de blocs à escalader, en suivant des règles complexes pour les tirer et pousser, afin d'échapper aux angoisses du personnage remontant des profondeurs.

J'ai rarement été aussi tendu et stressé sur un jeu: la partie réflexion nécessite une attention de tous les instants, on est sur un niveau Rubik's Cube avec une limite de temps  plus des ennemis mobiles. Des mini-tutoriaux sont accessibles pour apprendre progressivement des mouvements permettant de débloquer des situations, mais je n'arrive pas à savoir si la résolution de certains niveaux tient à l'intégration de ces mécaniques ou la pure chance d'un mouvement de panique...
Et la partie narrative apporte sa part de tension entre angoisses du personnages et éléments surnaturels voire horrifiques. L'histoire prend une direction inattendue avec un semblant de réflexion, mais elle aurait du éviter les clichés et blagues transphobes...

J'ai fini le jeu vidé et fatigué, le cerveau en vrac après avoir déplacé des blocs dans tous les sens en intégrant de plus en plus de règles et contraintes. Je suis assez client de la chasse aux trophées, mais entre la dizaine de fins possibles et le nombre de puzzles à refaire, je passe mon tour sur ce coup.

Le jeu mérite d'y faire un détour pour découvrir une expérience singulière, mais il faut être prêt à affronter un challenge loin d'être accueillant et sacrément relevé.