jeudi 6 février 2014

Virtue's Last Reward - 999 Problems

Ma vie est foutue. J'ai acheté une PS Vita.

Moins j'achète de jeux, et plus j'ai d'opportunités pour essayer des titres différents. Je vais finir par croire que je fais de la pub pour la firme en S, mais mon abonnement Playstation Plus m'a permis de mettre de côté des jeux PS Vita. Il ne manquait plus que la console, et un jeu m'a décidé à sauter le cap: Virtue's Last Reward.
Tout a commencé sur DS avec 999 Nine Hours Nine Persons Nine Doors. Le jeu se présentait comme un mix entre les énigmes du Professeur Layton et de pièges à la Saw, le tout mâtiné d'une grosse dose de visual novel façon Phoenix Wright Ace Attorney (objection!). Le système des escape rooms, où il faut s'enfuir d'une pièce à la manière jeu d'aventures point-and-click de la grande époque, est très sympathique, mais l'histoire élève le titre à un autre niveau. On n'est même plus dans un jeu, c'est un véritable "livre dont vous êtes le héros" avec des choix à prendre et des fins multiples. Sur les six, j'ai souvent fini découpé à la hache, et j'ai du regarder sur les internets comment atteindre la "vraie fin", mais j'ai tout de même éviter les spoilers, et le final abordait des concepts de plus en plus barrés (sur une base pseudo-scientifique) avec des révélations et twists à la pelle.

A part quelques points en suspens, le jeu ne semblait pas appeler une suite, et pourtant le scénariste et maître d'oeuvre Kōtarō Uchikoshi a remis le couvert dans un titre qui pousse très loin les limites du mindfuck et de l'extrapolation scientifique. Tout comme avec 999, il est préférable de ne rien savoir sur l'histoire de Virtue's Last Reward afin de l'aborder sans aucun à-priori, et aller de surprise en surprise. A ce sujet, un court-métrage animé de 12 minutes existe et reprend les premières minutes du jeu, mais il réussit à spoiler des éléments que je n'ai découvert qu'après 7 ou 8 heures dans ma partie!

Car jouer à Virtue's Last Reward, c'est s'investir dans la durée: il m'a fallu 40 heures pour parcourir les situations dans tous les sens, obtenir tous les documents cachés et voir les 20 et quelques fins différentes. Mais au delà de ces fins multiples, le jeu a réussi à me faire douter: alors que je partais sur une autre branche de l'histoire et que je pensais connaître les évènements à venir, la narration part dans une direction inattendue, en jouant justement sur mes attentes! "Tu penses savoir ce qu'il t'attend? Et bien non!" semblait me dire le titre. Et cette "tromperie" sur un futur narratif que j'avais déjà connu se retrouve au coeur du scénario, le tout avec des explications alambiquées qui feraient passer les théories vues dans 999 pour des notions apprises en maternelle.

En testant les différents choix et les multiples fils narratifs, on finit par se perdre: quels évènements se sont déroulés dans cette continuité temporelle? Où peut se trouver le fil de sortie parmi toutes ces possibilités? Malgré un nombre massif de situations et d'informations, il est tout de même très simple de naviguer au milieu d'un arbre narratif pour aller directement sur les noeuds de décisions, et découvrir une nouvelle part de l'histoire. Alors que ce concept était effleuré dans 999, il est ici primordial: chaque embranchement apporte un éclairage différent, un nouveau point de vue, des nouvelles révélations, et il est impossible de terminer le jeu sans avoir eu cette vision globale de l'intrigue.

Cette approche narrative ne peut être réalisée que par le média jeu vidéo: adapter Virtue's Last Reward au cinéma ressemblerait certainement au film Source Code (ou Groundhog Day), mais laisserait de côté les concepts qui font la force de cette oeuvre. Impossible également de retranscrire cet univers dans un livre: tout passe par des aller-retours (que l'on peut heureusement accélérer quand ils ont déjà été lus) qui seraient totalement rébarbatifs et lourdingues couchés sur papier.

Même si le jeu n'est pas impressionant techniquement (90% du jeu repose sur des plans fixes et des lignes, des lignes, des lignes de texte), même si le character design est... particulier (le costume de Alice est un craquage de fan service en règle) et même si les rares animations rappellent les premières cinématiques sur PS1, la narration prend le pas et donne envie de ne pas lâcher sa PS Vita pour en apprendre plus sur les différents mystères.

Et quand on arrive au bout de l'aventure, on a la sensation qu'elle ne fait que commencer, laissant de nombreuses questions en suspens, et une bonne dose de frustration. Connaissant déjà les tendances du scénariste via le premier épisode sur DS, certaines révélations peuvent être anticipées (des indices permettant aux plus attentifs de les voir venir), mais la qualité d'écriture est impressionnante avec une intrigue si complexe, et une structure non-linéaire!

Il ne reste plus qu'à attendre la sortie du troisième épisode de cette trilogie, les enjeux ayant été clairement mis en place dans Virtue's. Une balade sur les forums permet de revoir les détails sur lesquels on est passé rapidement, et suivre les différentes théories pour la conclusion de la saga. Encore une fois, il va falloir préparer la plaque d'aspirines, et s'attendre à hurler "QUOI???" devant sa portable.

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