lundi 12 octobre 2015

Octodad: Dadliest Catch - Decoy Octopus

Le jeu vidéo n'est pas le royaume de la blague. De par les limites techniques et les expérimentations du média, il a fallu du temps pour sortir des environnements féeriques ou guerriers, et proposer une dose d'humour (intentionnelle). Mais comme souvent, les jeux indés proposent des idées et concepts innovants qui étendent le champ lexical du jeu vidéo. Et il n'y a pas de meilleur moment que le mois d'octobre pour parler d'Octodad: Dadliest Catch.
"Nobody suspects a thing..."
Suite d'Octodad (tout court, et très court), jeu gratuit créé par des étudiants en 2010, cet épisode reprend le pitch complètement pété du père de famille aimant qui est en fait un poulpe. Et comme le dit l'excellente chanson du générique, "personne ne se doute de rien". A part ce chef cuisinier qui lui court après et veut le réduire à l'état de sushi.

Bien qu'ayant quitté les océans depuis des années et réussi à créer une famille, papa-poulpe rencontre toujours d'énormes difficultés pour se déplacer, ce qui se retrouve directement dans le gameplay: à l'aide des boutons et sticks, on dirige les tentacules afin de se déplacer, prendre des objets et effectuer toute sorte d'action, de la manière la plus improbable possible. Banales, les actions du quotidien (comme se faire un café ou acheter des aliments) deviennent une quête épique, saluées par un soulagement du devoir accompli. Et même si on peste souvent pour déplacer correctement ses tentacules, on accroche rapidement à cet héros improbable de la vie normale, dont son propre corps est son principal ennemi.

Bien que très court (j'ai mis moins de deux heures pour terminer ma première partie), l'expérience est très satisfaisante, comme si on avait regardé plusieurs épisodes des Simpsons, ou autre sitcom animé ayant influencé les développeurs. Au delà de son idée de départ hallucinée, le jeu est empreint de poésie (le regard expressif du papa-poulpe y est pour beaucoup), avec des moments de joie et tristesse. On y retrouve aussi un regard sur le rôle du père ou du conjoint, comme ses scènes où la femme du papa-poulpe cherche à animer la conversation alors qu'il bataille à gagner les cadeaux pour lui montrer son affection. Cherchant à gérer à la fois sa famille, sa vie privée (son secret de poulpe) et le regard des autres, on se sent rapidement stressé dans la peau d'Octodad, cherchant à faire au mieux, mais déclenchant souvent malgré lui des catastrophes (il suffit de voir l'état de la cuisine après avoir tenté de prendre un café).

Avec son humour bien dosé, son message subtilement délivré et ses discrètes références à d'autres titres indés (Super Meat Boy, Minecraft et un très bon clin d'oeil à Surgeon Simulator), Octodad est une petite perle. Du fait de la spécificité de son gameplay, jouant énormément sur la frustration et la complexité, je ne pense y rejouer de sitôt, mais le titre mériterait des épisodes supplémentaires, à suivre comme dans une série TV. Et ce générique est vraiment génial.