samedi 28 novembre 2015

Life is Strange - Don't you forget about me

Les jeux d'aventure épisodiques de Telltale Games ayant eu un beau succès critique et commercial (The Walking Dead en tête), il est normal de voir d'autres studios s'inspirer de ce concept. Mais l'annonce d'un titre développé par Dontnod, le studio français à l'origine de Remember Me, pouvait surprendre. Alors que Dontnod était en difficulté financière (suite aux faibles ventes de Remember Me), ce nouveau titre semblait être (déjà) celui de la dernière chance, mais Life is Strange est une vraie réussite.
L'histoire en quelques mots: Max Caulfield, entre l'adolescence et l'âge adulte, revient dans la ville d'Arcadia Bay après 5 ans d'absence pour suivre des cours de photographie. Elle retrouve son amie d'enfance Chloe Price, et lui sauve la vie en découvrant son pouvoir de rembobiner le temps. A partir de là, les évènements étranges se succèdent, changeant la vie de Max à jamais.

Il est préférable d'en savoir le moins possible pour un jeu tel que celui-ci, reposant essentiellement sur la narration. Le gameplay est très simple (un peu d'exploration, des énigmes simples et bien intégrées dans l'histoire), et permet de rester immergé dans l'histoire et le système de choix. Pas de décision à prendre dans l'urgence comme pour The Walking Dead, et même s'il est possible de revenir sur un choix, les conséquences ne seront souvent visibles qu'à long terme. Le système de rembobinage du temps est intelligemment utilisé, que ce soit pour les dialogues (afin de creuser la personnalité de certains interlocuteurs ou affiner ses choix), les énigmes ou même les situations où il n'est pas possible de revenir en arrière.

J'ai été extrêmement (bien) surpris par l'évolution de l'ambiance du titre au fil des épisodes: si on a le sentiment d'être dans un épisode de Dawson au début, avec problèmes de lycée, flirts d'ados et coups de pute dans le dos, cela progresse vers une ambiance de plus en plus lourde et même glauque, tout en abordant des thématiques difficiles, ou en tous cas rarement évoquées dans les jeux vidéo.

Au début, j'ai été pris dans cet univers marqué pour son esthétique années 90, avec des ados façon indés / grunge, et de la musique folk parfaitement adaptée (entre des excellents choix de B.O. avec Sparklehorse, Mogwai, Amanda Palmer, Bright Eyes et des compositions de Jonathan Morali, leader de Syd Matters), et les références plus ou moins obscures et cachées (le seul épisode 1 mentionne Final Fantasy Spirits Within, Cannibal Holocaust ou la Horde du Contrevent, d'Alain Damasion, co-fondateur de Dontnod en mode auto-promo / clin d'oeil). Mais plus l'histoire avance, plus on s'attache au duo Max / Chloe et leur enquête, et on se prend certains évènements en pleine face: le début de l'épisode 4 est particulièrement rude à ce sujet, me sortant des grosses larmes avec le choix le plus dur à faire jusqu'ici.
Ce même épisode 4 se terminant sur un énorme cliffhanger, j'ai fait l'épisode 5 d'une seule traite: très différent dans son traitement, jouant aux montagnes russes pour mieux masquer son issue (et incluant une phase d'infiltration assez mal fichue), on en ressort très éprouvé avec des scènes de cauchemar entre Twin Peaks et le final d'origine d'Evangelion, pour être achevé sur un dénouement qui ne me fait plus écouter Spanish Sahara du groupe Foals de la même manière (j'ai essayé tout à l'heure, j'ai eu la gorge serrée). Les développeurs proposent deux conclusions possibles, mais vu la différence de traitement et de qualité entre les deux, il est facilement imaginable que ce choix a été créé dans l'urgence pour satisfaire certains joueurs.

Tout comme son homonyme de l'Attrape-Coeurs de J. D. Salinger, Max quitte l'adolescence et se retrouve changée. Il semble que selon son vécu, le jeu parle plus ou moins aux différents joueurs l'ayant essayé. Pour moi, il représente une véritable artistique, autant par sa direction artistique (bien la modélisation 3D soit un peu datée) que par son propos, abordant des sujets difficiles rarement traités dans ce média, ou tout du moins dans un jeu à destination du grand public.
Une saison 2 est prévue, mais avec de nouveaux personnages. Cela me rassure, l'histoire racontée se suffit à elle-même, avec une conclusion qui marque les esprits. "I will never forget you."
Forget the horror here, forget the horror here...

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