dimanche 11 mai 2014

Knytt Underground - There's too much panic in this town

Mon principal regret avec les jeux vidéo de nos jours est le temps d'investissement nécessaire: il faut souvent 15 à 20 heures pour terminer un titre dit "triple A", en parcourir le scénario, éventuellement creuser ses secrets et en extraire la substantifique moelle. A la manière d'un spectateur de série TV, il est parfois difficile de garder le rythme, jouer régulièrement et ne pas perdre le fil de ses propres aventures. Mais parfois, on peut tomber sur un titre sans prétention qui malgré une durée de vie honnête ne demande pas une concentration et un effort de mémoire relativement conséquent: c'est le cas de Knytt Underground.


Issu de l'imagination du suédois Nicklas Nygren, Knytt Underground est une suite / évolution de titres précédents publiés gratuitement sur Internet (à la manière de Meat Boy ou Hexagon), ici sur Plasytation Vita. Se présentant comme un jeu de plateforme assez mystérieux, ou laissant une large part à l'interprétation du joueur, on dirige une fille muette (et minuscule) dans des décors souterrains aux magnifiques arrières plans. On saute, on grimpe aux murs, et rapidement on boucle le premier chapitre, pour se retrouver aux commandes d'une... balle. A ce moment, je sentais le jeu partir dans une mauvaise direction, me rappelant l'horreur des contrôles des rebonds sur des titres comme Cauldron 2 ou Wizball sur CPC: contrôler une balle, c'est original, mais un véritable cauchemar pour gérer la hauteur des bonds et les angles du sol.
Ce second chapitre se termine également rapidement, et pour une raison qui m'échappe, le troisième chapitre permet de basculer entre la fille et la balle pour parcourir l'intégralité du monde de Knytt Underground, soit 1 440 écrans (30 en hauteur fois 48 en largeur) plus les sections cachées. Alors que le jeu semble se rapprocher d'un Super Metroid à cet instant, avec des objets à récupérer et des quêtes à compléter, aucune capacité supplémentaire ne sera acquise par la suite: l'intégralité du monde est pratiquement accessible en combinant les capacités des deux personnages, et en résolvant les énigmes du jeu, se présentant essentiellement comme des prouesses de timing ou de gestion des trajectoires.

Si le nombre de salles peut faire peur, la grande majorité se traverse en trois secondes, et le jeu est particulièrement adapté aux amoureux de l'exploration: ça m'a rappelé la découverte de salles dans des jeux CPC comme Head Over Heels ou MGT, la carte automatique en plus. De plus, pas la peine d'être concentré sur le jeu, j'ai pu en faire une grande partie tout en regardant Breaking Bad ou Game of Thrones (à part les sections spéciales challenges, où les sauts millimétrés donnent envie de fracasser sa Vita). Après quelques heures de pratique, le gameplay particulier basé sur l'association de compétences différentes devient naturel et permet de réaliser des actions relativement spectaculaire.
Et heureusement que le plaisir de jeu est là, l'histoire étant particulièrement difficile d'accès. Le scénario se base sur un topo classique d'apocalypse imminente, avec ici des cloches à sonner pour sauver le monde. Mais les très nombreuses quêtes permettent d'en apprendre plus sur l'héroïne et surtout les deux "fées" qui l'accompagnent et leurs psychoses. Le jeu n'étant absolument pas linéaire, ces dialogues se font au hasard des rencontres, ce qui empêche un suivi simple de la caractérisation des personnages. Même le développeur apparaît parfois dans cet univers, et semble confirmer qu'un sous-texte est présent... mais qu'il préfère aller se faire un thé que l'expliquer (dixit la fin).

On passe donc rapidement sur les problèmes relationnels avec les parents, les professeurs, les amis, sans trop savoir ce que veut dire le jeu. Est-ce que ce voyage est l'occasion de remettre de l'ordre dans la vie des personnages, à la manière des objets qu'ils récupèrent et remettent à leur place? Est-ce que le monde parallèle du Disorder, utilisé pour les raccourcis, symbolise justement le chaos dans nos vies quand nous sautons les étapes? Le jeu n'apporte que peu de réponses, laissant des questions volontairement en suspens, tout en prenant régulièrement le joueur au dépourvu, que ce soit dans les dialogues qui se résument parfois en "bla bla bla bla", ou la vraie fin où l'on découvre que l'héroïne muette cherchait juste des fées pour faire un voeu... et faire un meilleur sandwich que son frère.

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